Aller au contenu

Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome48.djvu/335

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
325
année 1772.

8786. — À M. TABAREAU[1].
17 mars.

Mon cher ami, je crois, Dieu me pardonne, que je suis encore en vie ; en ce cas, je vous prie d’envoyer un exemplaire de mon petit factum à M. de La Harpe.

Je persiste à vous dire que M. de Morangiés s’est bien mal conduit dans toute cette affaire, depuis le premier pas jusqu’au dernier, et je serai bien étonné s’il ne succombe pas. Votre lettre de change sur lui est-elle considérable ?

Plusieurs personnes me mandent que mon mémoire les a convaincues de l’innocence de M. de Morangiés, et qu’il perdra son procès. Je crois avoir gagné le mien contre l’avocat Lacroix ; mais je voudrais l’avoir perdu, et que M. de Morangiés gagnât le sien.

À l’égard de l’édition des Lois de Minos, le maraud de Valade soutient toujours qu’il a imprimé sa détestable rapsodie sur l’édition de Genève ; et M. de Sartines l’a cru, quoique l’édition de Genève ne soit point encore achevée, et qu’elle soit absolument différente. Rien ne réussit aux gens qui sont loin.

Voulez-vous bien avoir la bonté de faire parvenir l’incluse à son adresse ?

8787. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
À Ferney, 17 mars.

Je ne sais pas, mon cher ange, si je suis encore en vie ; mais si j’existe, c’est bien tristement. J’ai la sottise d’être profondément affligé de l’insolence avec laquelle ce fripon de Valade a fait accroire à monsieur le chancelier et à M. de Sartines qu’il n’avait fait sa détestable édition[2] que sur celle qui lui avait été envoyée de Genève, tandis que ma véritable édition de Genève n’est pas encore tout à fait achevée d’imprimer, à l’heure que je vous écris.

Vous pouviez confondre d’un mot l’imposture de ce misérable, puisque son édition contient des vers que je n’ai point faits, et dont la pièce a été remplie sans m’en donner le moindre avis. Vous savez ce que je vous ai mandé sur ces vers, et vous pouvez

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Des Lois de Minos.