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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome48.djvu/341

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année 1772.

au lieu de Réponse à l’écrit d’un avocat, intitulé, etc.[1]. Cela fait un contre-sens assez ridicule ; mais il faut souffrir ce ridicule, auquel on ne peut remédier.

L’affaire de M. de Morangiés est d’un ridicule bien triste et bien cruel. Il la perdra, quoiqu’il soit démontré qu’il n’a jamais reçu les cent mille écus. Dieu veuille que je me trompe[2] !

8794. — À MADAME LA MARQUISE DU DEFFANT.
29 mars.

Savez-vous bien, madame, pourquoi j’ai été si longtemps sans vous écrire[3] ? c’est que j’ai été mort pendant près de trois mois, grâce à une complication de maladies qui me persécutent encore. Non-seulement j’ai été mort, mais j’ai eu des chagrins et des embarras ; ce qui est bien pire.

Puisque vous avez lu les Lois de Minos, il est juste que je vous envoie les notes qu’une bonne âme a mises à la fin de cette pièce. Je pourrais même vous dire que cette tragédie n’a été faite que pour amener ces notes, qui paraîtront peut-être trop hardies à quelques fanatiques, mais qui sont toutes d’une vérité incontestable. Faites-vous-les lire ; elles vous amuseront au moins autant qu’une feuille de Fréron.

Quelques personnes seront peut-être étonnées qu’on parle dans ces notes du chevalier de La Barre, et de ses exécrables assassins ; mais je tiens qu’il en faut parler cent fois, et faire détester, si l’on peut, la mémoire de ces monstres appelés juges, à la dernière postérité.

Je sais bien que l’intérêt personnel d’un très-grand nombre de familles, l’esprit de parti, la crainte des impôts et du pouvoir arbitraire, ont fait regretter dans Paris l’ancien parlement ; mais, pour moi, madame, j’avoue que je ne pouvais qu’avoir en hor-

  1. Voyez la note, tome XXIX, page 33.
  2. Dans Beuchot, la lettre au même du 10 avril est jointe à cette lettre.

    « On signale dans un catalogue d’autographes une lettre de Diderot à Voltaire, de Paris, 28 mars 1773 ; elle y est ainsi désignée :

    « Charmante épître où il lui demande des nouvelles de sa santé. « Dites-nous que vous vous portez bien afin que le cri de notre joie soit entendu de tous les gueux, de tous les fripons, de tous les maroufles qui s’ennuient de votre éternité, et qu’ils en crèvent de rage… » Il lui envoie les essais poétiques d’un jeune homme, « dont j’ai, dit-il, bonne opinion, parce qu’il est modeste et qu’il est vraiment votre admirateur ». C’est à cette lettre que répond celle de Voltaire à Diderot, du 20 avril, ci-après.

  3. La dernière lettre est du 4 novembre 1772 ; voyez No 8670.