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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome48.djvu/345

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année 1772.

écrit sous l’enveloppe de M. Marin ; je n’ai point reçu cette lettre. Il faut que quelque malin enchanteur ait escamoté ce que vous m’écriviez : cela redouble encore mes inquiétudes. Je suis un peu comme Atticus, attaché à César et à Pompée, et par conséquent fort embarrassé. Je trouve la comparaison d’Atticus fort bonne, car cet Atticus était malingre comme moi ; mais, ne pouvant plus supporter la vie, il se tua, et je ne me tue point ; je suis seulement confondu de ce que César, qui vous croit probablement ami de Pompée, vous ait défendu de rire devant lui[1]. . Je vous envoie un neuvième[2] dont plusieurs endroits vous feront rire quand vous n’aurez rien de mieux à faire. Pour Mme Dixneufans, on dit qu’elle n’a été occupée que de danser chez madame la dauphine. Tâchez tous deux de venir voir cet été madame votre mère, et de faire chez nous une longue pause.

Embrassez tous deux pour moi mon cher d’Alembert, quand vous le verrez. L’oncle et la nièce vous font les plus tendres compliments.

8799. — AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.
Mars.

Monseigneur, une des plus douces consolations que j’aie reçues depuis plus de vingt ans a été la lettre[3] dont Votre Altesse royale m’a honoré ; je vois que vous daignez toujours protéger les lettres, et que vous favorisez les Français après vous être amusé à les battre ; ils sont dignes en effet de vos bontés. Cette nation, qui passe pour être un peu légère, ne l’a jamais été pour vous ; elle vous a toujours aimé, et les gens sensés de chez nous ont rendu unanimement justice à vos grands talents militaires comme à vos grâces.

Le jeune M. Mainissier, secrétaire du général de Brux, Écossais au service de l’impératrice de Russie, m’apporta hier dans mon lit, où mes maladies me retiennent, la lettre dont je remercie Votre Altesse royale ; mon triste état, et la perte presque entière de mes yeux, ne me permettront guère de lire trois gros volumes

  1. Dans Beuchot, la lettre entière à Rochefort du 3 mars se trouve cousue à cet alinéa.
  2. Neuvième tome des Questions. Ces deux derniers alinéas ont dû faire partie d’une autre lettre. (G. A.)
  3. No 8771.