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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome48.djvu/349

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année 1772.

meurt inconnu ! qui bene latuit, bene vixit[1] : je n’ai pas eu ce bonheur.

Je n’ai point de nouvelles de M. le maréchal de Richelieu. Je lui ai pourtant dédié cette véritable édition des Lois de Minos. Elle réussit beaucoup chez l’étranger. Je ne suis toléré dans ma patrie qu’à la longue ; mais, entre les Alpes et le mont Jura, a-t-on une patrie ? un ami tel que vous en tient lieu.

Adieu. Non-seulement je vous souhaite une vieillesse plus heureuse que la mienne, mais je suis sûr que vous l’aurez ; j’en dis autant à Mme d’Argental.

8802. — À M. LE MARQUIS DE THIBOUVILLE.
À Ferney, 6 avril.

Oh ! pour ces vers-là, je les trouve fort bons ; mais je ne les mérite guère. Ma maladie m’a laissé des suites affreuses :


La Renommée est vanité ;
Courir après elle est folie :
Qu’importe l’immortalité,
Quand on souffre pendant sa vie ?


Portez-vous bien ; tout le reste est bien peu de chose. Continuez-moi vos bontés ; elles font ma consolation.

Mme Denis vous fait mille compliments par ce pauvre malade ; cela lui est plus aisé que d’écrire.

Pour moi, je n’ai pas le courage de vous parler de spectacles ni de plaisirs ; je ne puis vous parler que de mon attachement, de ma reconnaissance, et de la patience avec laquelle il faut que je supporte toutes les douleurs du corps, et de ce qu’on appelle âme.

8803. — À M. LAUS DE BOISSY[2].
À Ferney, 6 avril.

Une très-longue maladie, monsieur, m’a mis jusqu’à présent hors d’état de vous remercier et de vous témoigner toute mon estime, ainsi que ma reconnaissance. Je ne saurais me plaindre d’un ennemi tel que l’abbé Sabatier, puisqu’il m’a valu un défenseur tel que vous[3].

  1. Ovide, livre III des Tristes, élégie iv, vers 25.
  2. À qui est adressée la lettre 7726 ; voyez tome XLVI, page 507.
  3. Boissy venait de publier : Addition à l’ouvrage intitulé les Trois Siècles de