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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome48.djvu/350

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CORRESPONDANCE.

Je sais qu’on a payé cet abbé pour me nuire ; mais vous, monsieur, vous n’avez écouté que la noblesse de votre âme, et vous faites autant d’honneur aux belles-lettres que tous ces écrivains mercenaires et calomniateurs y jettent de honte et d’opprobre.

Je cherche à vous faire parvenir mon petit hommage[1] par M. Bacon, substitut de monsieur le procureur général. J’espère qu’il vous sera rendu, malgré la difficulté de la correspondance du pays où j’achève mes jours, avec votre belle et dangereuse ville de Paris.

J’ai l’honneur d’être, avec les sentiments sincères que je vous dois, et j’ose dire même avec amitié, etc.

Voltaire.
8804. — DE M. D’ALEMBERT.
À Paris, ce 6 avril.

Mon cher et ancien et respectable ami, j’ai fait part de votre lettre[2] à tous ceux qui en sont dignes ; ils en ont baisé les sacrés caractères, et souhaitent de les baiser longtemps : et ils espèrent que la Providence, quoique ce meilleur des mondes possibles ait si souvent à s’en plaindre, ne les frustrera pas de cette espérance. Pour moi, elle fait toute ma consolation, et il ne me restera quelque courage que tant que les lettres et la philosophie vous conserveront.

J’attends avec grande impatience le recueil dont me parlez. Vous pourriez me le faire parvenir par une des voies dont vous vous êtes servi pour m’envoyer les paquets de l’avocat Belleguier. Je suis très-fâche que Cramer ait inséré dans cette collection mon Dialogue de Descartes et de Christine : c’est mal connaître mes intérêts que de me mettre à côte de vous. Ce qui me console, c’est qu’il est question de vous dans ce dialogue ; car je ne sais par quelle fatalité vous vous trouvez toujours au bout de ma plume. Je n’ai presque point fait d’article dans mon Histoire de l’Académie[3] où je n’aie eu occasion soit de parler de vous comme j’en pense, soit de vous citer en matière de goût. Je ne sais si cette rapsodie paraîtra jamais ; mais, comme je suis très-résolu d’y dire la vérité sans attaquer d’ailleurs les sottises reçues, je vous promets qu’elle ne sera pas imprimée

    notre littérature, ou Lettre critique adressée à M. l’abbé Sabatier de Castres, soi-disant auteur de ce dictionnaire, 1773, in-8o. Il y prend le parti de Voltaire ; mais il demande à Sabatier pourquoi il a épargné Marin ; ce qui explique un passage de la lettre 8793.

  1. Probablement un exemplaire de l’édition des Lois de Minos, etc., dont il est parlé dans la lettre 8792.
  2. No 8792.
  3. Voyez lettre 8733.