Aller au contenu

Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome48.djvu/369

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
359
année 1772.

Je ne doute pas que vous ne fassiez voir le jour à des pièces aussi importantes, et que vous ne manifestiez ces excès de l’imposture d’un évêque et de la faiblesse de ce pauvre vicaire. Ce sera servir à la fois les rois de France, d’Espagne, de Portugal et de Naples[1], justifier la mémoire de M. de Montclar, et rendre service à tous les honnêtes gens de l’Europe. La publication d’une telle calomnie est d’autant plus nécessaire qu’une pareille friponnerie est en usage dans presque toutes les paroisses catholiques. On gêne, on persécute les vivants, et on calomnie les mourants.

Il ne faut pas manquer une si belle occasion de démasquer des loups qui se cachent sous la peau des agneaux qu’ils ont mangés.

8823. — À M. MOULTOU[2].

Je vous prie, mon cher philosophe, de vouloir bien me mander quel est le grade de M. de Salonet, frère de M. de Montclar.

Je suis bien aise d’ailleurs de vous dire que la fraude pieuse ou impie de l’évêque provençal est tout à fait semblable à la friponnerie de ce maçon qui se dit évêque et prince de Genève, et dont le mortier est très-peu liant. Voilà donc ceux qui sont à la tête des consciences dans ce monde ! En conscience, cela est bien cruel et bien ridicule.

8824. — À M. LE MARÉCHAL DUC DE RICHELIEU[3].
À Ferney, 26 avril.

C’est toujours du premier gentilhomme de la chambre que le vieux malade de Ferney implore les bontés et la justice. Je vous demande en grâce, monseigneur, de donner un ordre au sieur Patrat de jouer Lusignan, et, s’il n’arrache pas des larmes, j’ai tort. Vous savez que dans une chambre on est intimidé par ses rivaux, sans être animé par l’illusion du spectacle. On est plus soutenu sur le théâtre, à moins qu’il n’y ait une cabale formée. En un mot, il faut être à son aise et en place pour réussir. J’ose vous demander cette grâce pour le sieur Patrat, dont j’ai

  1. Ces quatre souverains avaient chassé les jésuites.
  2. Éditeur, A. Coquerel.
  3. Éditeurs, de Cayrol et François.