M. de Montclar n’est pas la première de cette espèce, et ne sera pas la dernière.
Le fanatisme est en possession de persécuter les vivants et les morts. Si tous ceux qui ont été témoins de semblables fraudes voulaient les mettre au jour, ils effrayeraient le genre humain.
Vous verrez, monsieur, avec M. de Moultou, par la gazette ci-jointe, que la famille a déjà publié le précis de ce qu’il faut apprendre aux hommes. Je n’ai point sous les yeux le mémoire qu’on vous a envoyé, mais je le trouve assez exact. Je pense qu’il ne faut pas négliger une si belle occasion de montrer la turpitude de ceux qui persécutent et calomnient les vivants et les morts. Je m’en rapporte à M. de Moultou et à vous, qui êtes tous les deux les ennemis de ces abominables manœuvres.
Le vieux malade vous est très-sincèrement attaché à tous deux.
Quoi ! mon cher Orphée, vous voulez que ce soit moi qui agisse, moi si étranger dans votre cour, moi pauvre vieillard, dont toute l’ambition est d’être oublié dans ce pays-là ! moi persécuté, moi mourant, moi qui n’ai jamais eu la moindre correspondance avec la personne[3] dont vous parlez !
J’ai grand’peur qu’Orphée n’ait joué de sa lyre devant des animaux jaloux de lui. Mais vous approchez vos dieux, vous êtes dans l’Olympe ; vous êtes à portée d’obtenir tout des déesses. Ces divinités daigneraient-elles seulement répondre à un mortel confiné dans un désert ? Liraient-elles seulement sa lettre ? Le héros qui préside aux fêtes daigne quelquefois se souvenir de moi, mais bien rarement. Je vais lui écrire et le prier de parler à la belle déesse. Je lui demanderai même si je puis hasarder une lettre, ce qui est extrêmement délicat dans la position où je suis. On m’a dit que beaucoup de choses avaient été applaudies à une répétition que vous fîtes faire, il y a, je crois, trois ans,