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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome48.djvu/476

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CORRESPONDANCE.

bontés me consolent. Ma colonie, que vous avez protégée, prospère et m’amuse. Mon ami Racle réussit, et vous doit tous ses succès. Vous faites du bien à cent cinquante lieues de vous. Jamais ni philosophe ni papillon n’en a fait autant.

Je m’imagine que, malgré votre acharnement à tuer toutes les perdrix du roi, vous voyez quelquefois M. d’Argental. Je ne lui écris pas plus qu’à vous. Les souffrances de mon âge, ma solitude, m’ont un peu découragé. Quoique ma colonie prospère, elle a essuyé de violentes secousses. J’en essuie de même, et ne prospère guère.

Mme Denis est bien plus heureuse que moi. Elle n’est point chargée des affaires de la Crète auprès de M. le maréchal de Richelieu ; elle est tranquille, elle vous est attachée comme moi ; mais elle ne vous écrit pas davantage. Nous sommes de grands paresseux l’un et l’autre.

Je me mets à vos pieds, madame, avec bien du respect et la plus vive reconnaissance.

8940. — DE M. JORE.
À Milan, le 25 septembre 1773.

Monsieur, vivement pénétré de gratitude et transporté de joie, je vous remercie de la consolante promesse que vous me faites de me tirer de ma misère, et des huit louis que vous m’avez envoyés. Ils ne pouvaient m’arriver plus à propos pour me tirer du plus grand embarras. Je ne vous dis point, crainte de vous accabler, tout ce qui se passe dans mon âme, me flattant que les dispositions de la vôtre ont changé à mon avantage, vous assurant que je le mérite par les sentiments de reconnaissance avec lesquels j’ai l’honneur d’être avec respect, monsieur, votre très-humble, etc.

Jore.
8941. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
26 septembre.

Et moi, mon cher ange, je me hâte de me justifier de l’obscurité que vous me reprochez par votre lettre du 20. L’obscurité est assurément dans la conduite du maître des jeux. Je lui ai toujours présenté mes humbles requêtes très-nettement et très-constamment. Je ne lui ai pas écrit une seule lettre où je ne l’aie fait souvenir de la parole d’honneur qu’il avait donnée au bon roi Teucer, au petit sauvage, et à son amoureuse. Je me suis même plaint douloureusement de la préférence qu’il donnait à