Le monde entier t’appelle, et tu restes paisible !
Veux-tu laisser languir ce courage invincible ?
De Rome qui te parle as-tu quelque pitié ?
César est-il fidèle à ma tendre amitié ?
Oui, si dans le sénat on te fait injustice,
César te défendra, compte sur mon service.
Je ne peux te trahir ; n’exige rien de plus.
Et tu bornerais là tes vœux irrésolus ?
C’est à parler pour moi que tu peux te réduire ?
J’ai pesé tes projets, je ne veux pas leur nuire ;
Je peux leur applaudir, je n’y veux point entrer.
J’entends : pour les heureux tu veux te déclarer.
Des premiers mouvements spectateur immobile,
Tu veux ravir les fruits de la guerre civile,
Sur nos communs débris établir ta grandeur.
Non, je veux des dangers plus dignes de mon cœur.
Ma haine pour Caton, ma fière jalousie
Des lauriers dont Pompée est couvert en Asie,
Le crédit, les honneurs, l’éclat de Cicéron,
Ne m’ont déterminé qu’à surpasser leur nom.
Sur les rives du Rhin, de la Seine et du Tage,
La victoire m’appelle ; et voilà mon partage.
Commence donc par Rome, et songe que demain
J’y pourrais avec toi marcher en souverain.
Ton projet est bien grand, peut-être téméraire ;
Il est digne de toi ; mais, pour ne te rien taire,
Plus il doit t’agrandir, moins il est fait pour moi.
Comment ?
Je ne veux pas servir ici sous toi.
Ah ! crois qu’avec César on partage sans peine.
On ne partage point la grandeur souveraine.