Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome5.djvu/595

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MICHOL.

Je m’en doutais bien.

DAVID.

Et j’épousai la veuve[1].

MICHOL.

Ainsi Abigaïl est mon égale : çà, dis-moi en conscience, brigand trop cher, combien as-tu de femmes ?

DAVID.

Je n’en ai que dix-huit en vous comptant : ce n’est pas trop pour un brave homme.

MICHOL.

Dix-huit femmes, scélérat ! Eh ! que fais-tu donc de tout cela ?

DAVID.

Je leur donne ce que je peux de tout ce que j’ai pillé,

MICHOL.

Les voilà bien entretenues ! Tu es comme les oiseaux de proie, qui apportent à leurs femelles des colombes à dévorer : encore n’ont-ils qu’une compagne, et il en faut dix-huit au fils de Jessé !

DAVID.

Vous ne vous apercevrez jamais, ma chère Michol, que vous ayez des compagnes,

MICHOL.

Va, tu promets plus que tu ne peux tenir : écoute, quoique tu en aies dix-huit, je te pardonne ; si je n’avais qu’une rivale, je serais plus difficile : cependant tu me le payeras.

ABIGAÏL.

Auguste reine, si toutes les autres pensent comme moi, vous aurez dix-sept esclaves de plus auprès de vous.


Scène III.

DAVID, MICHOL, ABIGAÏL, ABIAR.
ABIAR.

Mon maître, que faites-vous ici entre deux femmes ! Saül avance de l’occident, et Akis de l’orient ; de quel côté voulez-vous marcher ?

  1. Rois, I, chap. xxv, versets 30, 40, 42.