Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome5.djvu/596

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DAVID.

Du côté d’Akis, sans balancer[1].

MICHOL.

Quoi ! malheureux, contre ton roi, contre mon père !

DAVID.

Il le faut bien ; il y a plus à gagner avec Akis qu’avec Saül : consolez-vous, Michol ; adieu, Abigaïl.

ABIGAÏL.

Non, je ne te quitte pas.

DAVID.

Restez, vous dis-je ; ceci n’est pas une affaire de femme ; chaque chose a son temps, je vais combattre : priez Dieu pour moi.


Scène IV.

MICHOL, ABIGAÏL.
ABIGAÏL.

Protégez-moi, noble fille de Saül ; je crois une telle action digne de votre grand cœur. David a encore épousé une nouvelle femme ce matin : réunissons-nous toutes deux contre nos rivales.

MICHOL.

Quoi ! ce matin même ? l’impudent ! et comment se nomme-t-elle ?

ABIGAÏL.

Alchinoam[2] ; c’est une des plus dévergondées coquines qui soient dans toute la race de Jacob.

MICHOL.

C’est une vilaine race que cette race de Jacob ; je suis fâchée d’en être ; mais, par Dieu, puisque mon mari nous traite si indignement, je le traiterai de même, et je vais, de ce pas, en épouser un autre.

ABIGAÏL.

Allez, allez, madame ; je vous promets bien d’en faire autant dès que je serai mécontente de lui.

  1. Rois, I, chap. XXVIII, verset 2 ; xxix, 2.
  2. Rois, I, chap. xxv, verset 43.