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ACTE QUATRIÈME.





Scène I.

BETHSABÉE, ABIGAÏL.
ABIGAÏL.

Bethsabée, Bethsabée, c’est donc ainsi que vous m’enlevez le cœur de monseigneur ?

BETHSABÉE.

Vous voyez que je ne vous enlève rien, puisqu’il me quitte, et que je ne peux l’arrêter.

ABIGAÏL.

Vous ne l’arrêtez que trop, perfide, dans les filets de votre méchanceté : tout Israël dit que vous êtes grosse de lui.

BETHSABÉE.

Eh bien ! quand cela serait, madame, est-ce à vous à me le reprocher ? N’en avez-vous pas fait autant ?

ABIGAÏL.

Cela est bien différent, madame ; j’ai l’honneur d’être son épouse.

BETHSABÉE.

Voilà un plaisant mariage ; on sait que vous avez empoisonné Nabal votre mari, pour épouser David, lorsqu’il n’était encore que capitaine.

ABIGAÏL.

Point de reproches, madame, s’il vous plaît ; vous en feriez bien autant du bonhomme Urie, pour devenir reine ; mais sachez que je vais tout lui découvrir.

BETHSABÉE.

Je vous en défie.

ABIGAÏL.

C’est-à-dire que la chose est déjà faite.