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ACTE II, SCÈNE III. 369

MADAME AUBONNE.

Eli bien ! vous méritez une telle algarade.

Vous vous faites haïr… Monsieur, prenez-y gardé :

Vous n’êtes ni poli, ni bon, ni circonspect :

Vous deviez à Julie un peu plus de respect,

Plus d’égards à Chariot, à moi plus de tendresse ;

Mais…

LE MARQUIS.

Quoi ! toujours Chariot ! que tout cela me blesse ! Sortez, et devant moi ne paraissez jamais.

JULIE.

Mais, monsieur…

LE MARQUIS, menaçant Chariot.

Si…

CHARLOT,

Quoi ? si ?

MADAME AUBONNE, se mettant entre eux deux.

Mes enfants, paix ! paix ! paix ! Eh, mon Dieu ! je crains tout.

LE MARQUIS.

Sors d’ici tout à l’heure. Je te l’ordonne.

JULIE.

Et moi, j’ordonne qu’il demeure.

CHARLOT.

À tous les deux, monsieur, je sais ce que je doi ;

(En regardant Julie.)

Mais enfin j’ai fait vœu de suivre en tout sa loi.

LE MARQUIS.

Ah ! c’en est trop, faquin.

CHARLOT,

C’en est trop, je l’avoue ; Et sur votre alphabet je doute qu’on vous loue. Il paraît que le lait dont vous fûtes nourri Dans votre noble sang s’est un peu trop aigri. De vos expressions j’ai l’âme assez frappée. À mon côté, monsieur, si j’avais une épée,

l. Ce texte est celui de toutes les éditions données du vivant de l’auteur. Palissot impute aux éditeurs de Kehl cette rime du Pont-Neuf, et a mis dans son édition :

Vous méritez, monsieur, une telle algarade ; Vous vous faites haïr, et ce ton vous dégrade. (B.)

G. — Théathe. V. 24