Ma chaîne est prête, et je suis fiancée,
Ou je vais être au moins dans un moment.
Me hais-tu pas mon lâche ?
Entre nous deux, juges-tu sur ma mine
Qu’il soit bien doux d’être ici Mathurine ?
Non pas pour toi ; tu portes dans ton air
Je ne sais quoi de brillant et de fier :
À Mathurin cela ne convient guère,
Et ce maraud était mieux mon affaire.
J’ai par malheur de trop hauts sentiments.
Dis-moi, Colette, as-tu lu des romans ?
Moi ? non, jamais.
M’en a prêté… Mon Dieu, la belle chose !
En quoi si belle ?
Si courageux, si tendres, si galants !
Oh ! Mathurin n’est pas comme eux.
Que les romans rendent l’âme inquiète !
Et d’où vient donc ?
En les lisant le mien bientôt s’ouvrit ;
À réfléchir que de nuits j’ai passées !
Que les romans font naître de pensées !
Que les héros de ces livres charmants
Ressemblent peu, Colette, aux autres gens !
Cette lumière était pour moi féconde ;
Je me voyais dans un tout autre monde ;