Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/41

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Ce chevalier serait assez passable,
Et d’autres mœurs l’auraient pu rendre aimable :
Ah ! la douceur est l’appât qui nous prend.
Que monseigneur, ô ciel, est différent !

COLETTE.

Ce chevalier n’était donc guère sage ?
Çà, qui des deux te déplaît davantage,
De Mathurin ou de cet effronté ?

ACANTHE.

Oh ! Mathurin… c’est sans difficulté.

COLETTE.

Mais, monseigneur est bon ; il est le maître :
Pourrait-il pas te dépêtrer du traître !
Tu me parais si belle !

ACANTHE.

Tu me parais si belle ! Hélas !

COLETTE.

Tu me parais si belle ! Hélas ! Je croi
Que tu pourras mieux réussir que moi.

ACANTHE.

Est-il bien vrai qu’il arrive ?

COLETTE.

Est-il bien vrai qu’il arrive ? Sans doute,
Car on le dit.

ACANTHE.

Car on le dit. Penses-tu qu’il m’écoute ?

COLETTE.

J’en suis certaine, et je retiens ma part
De ses bontés.

ACANTHE.

De ses bontés. Nous le verrons trop tard ;
Il n’arrivera point ; on me fiance,
Tout est conclu, je suis sans espérance.
Berthe est terrible en sa mauvaise humeur ;
Mathurin presse, et je meurs de douleur.

COLETTE.

Eh ! moque-toi de Berthe.

ACANTHE.

Eh ! moque-toi de Berthe. Hélas ! Dormène,
Si je lui parle, entrera dans ma peine :
Je veux prier Dormène de m’aider
De son appui, qu’elle daigne accorder