La source de leur sang, pour eux toujours sacrée,
En se réunissant n’est jamais altérée.
Telle est ma loi.
Barbare ! Ah ! que m’avez-vous dit ?
Je l’avais bien prévu… votre cœur en frémit.
Vous avez donc un frère ?
Oui, seigneur, et je l’aime
Mon père à son retour dut nous unir lui-même ;
Mais ma mort préviendra ces nœuds infortunés,
De nos Guèbres chéris, et chez vous condamnés.
Je ne suis plus pour vous qu’une vile étrangère,
Indigne des bienfaits jetés sur ma misère,
Et d’autant plus coupable à vos yeux alarmés,
Que je vous dois la vie, et qu’enfin vous m’aimez.
Seigneur, je vous l’ai dit, j’adore en vous mon père ;
Mais plus je vous chéris, et moins j’ai dû me taire.
Rendez ce triste cœur, qui n’a pu vous tromper,
Aux homicides bras levés pour le frapper.
Je demeure immobile, et mon âme éperdue
Ne croit pas en effet vous avoir entendue.
De cet affreux secret je suis trop offensé ;
Mon cœur le gardera… mais ce cœur est percé.
Allez ; je cacherai mon outrage à mon frère.
Je dois me souvenir combien vous m’étiez chère :
Dans l’indignation dont je suis pénétré,
Malgré tout mon courroux, mon honneur vous sait gré
De m’avoir dévoilé cet effrayant mystère.
Votre esprit est trompé, mais votre âme est sincère.
Je suis épouvanté, confus, humilié ;
Mais je vous vois toujours d’un regard de pitié :
Je ne vous aime plus, mais je vous sers encore.
Il faut bien, je le vois, que votre cœur m’abhorre.
Tout ce que je demande à ce juste courroux,
Puisque je dois mourir, c’est de mourir par vous,
Non des horribles mains des tyrans d’Apamée.
Le père, le héros, par qui je fus aimée,