Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome7.djvu/16

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


On boit ici son vin sans eau ;
Mais n’allez pas gâter notre fête bachique
En perçant du mauvais tonneau.

Grégoire

Comment ? que dis-tu là ?


La suivante

Je m’entends bien.

Grégoire

Petite,
Tremble que ce mystère ici soit révélé ;
C’est le secret des dieux, crains qu’on ne le débite :
Aussitôt qu’on en a parlé,
Apprends qu’on meurt de mort subite.
Cesse tes discours familiers.
Réprime ta langue maudite.
Et respecte les dieux et les cabaretiers.


(Il chante)

Allons, reprenez votre ouvrage ;
Servons bien ces heureux amants…

(À part)

Le dépit et la rage
Déchirent tous mes sens.
Hâtons ces heureux moments ;
Courage, courage :
Cognez, frappez, partez en même temps’:
Suspendez ces festons, étendez ce feuillage ;
Que les bons vins, les amours,
Nous donnent toujours
Sous ces charmants ombrages
D’heureuses nuits et de beaux jours.
J’enrage,
J’enrage.
Je me vengerai ;
Je les punirai :
Ils me paieront cher mon outrage.
Hâtons leurs heureux moments ;
Cognez, frappez, partez en même temps.
J’enrage,
J’enrage.