Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome7.djvu/237

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Scène II.

ASTÉRIE, AZÉMON, gardes.
Astérie.

Ciel ! Où porter mes pas ? Et quel sera mon sort ?

Azémon.

Garde-toi d’avancer vers les champs de la mort.
Ma fille ! De ce nom mon amitié t’appelle,
Digne sang d’un vrai roi, fuis l’enceinte cruelle,
Fuis le temple exécrable où les couteaux levés
Allaient trancher les jours que j’avais conservés.
Tremble.

Astérie.

Tremble.Qui ? Moi, trembler ! Vous, qui m’avez conduite,
Ce n’était pas ainsi que vous m’aviez instruite.
Le roi, Datame, et vous, vous êtes en danger ;
C’est moi seule, c’est moi qui dois le partager.

Azémon.

Ton père le défend.

Astérie.

Ton père le défend.Mon devoir me l’ordonne.

Azémon.

Sans armes et sans force, hélas ! Tout m’abandonne.
Aux combats autrefois ces lieux m’ont vu courir :
Va, nous ne pouvons rien.
Astérie, voulant sortir.
Ne puis-je pas mourir ?
Azémon, se mettant au-devant d’elle.
Tu n’en fus que trop près.

Astérie.

Tu n’en fus que trop près.Cette mort que j’ai vue
Sans doute était horrible à mon âme abattue :
Inutile au héros qui vivait dans mon cœur,
J’expirais en victime et tombais sans honneur ;
La mort avec Datame est du moins généreuse :
La gloire adoucira ma destinée affreuse.
Les filles de Cydon, toujours dignes de vous,
Suivent dans les combats leurs parents, leurs époux,
Et quand la main des dieux me donne un roi pour père,