Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome7.djvu/275

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ACTH 1, SCÈNE Ili. 263

SCÈNE III.

LKOXORE, ELVIRK.

I, i’ : o\ oiiK.

Où me siiis-jo engagée ?

KLVin E.

Je frémis des périls où vous êtes plongée, Entre deux ennemis qui, s’égorgeant pour vous. Pourront dans le combat vous percer de leurs coups. Promise à Transtamare, à son frère donnée, Prête à former ces nœuds d’un secret liyménée, Dans l’orage qui gronde en ce triste séjour, Quelle cruelle fête, et quel temps pour l’amour !

LÉONORE,

Elvire, il faut t’ouvrir mon âme tout entière.

Je voulais consacrer ma pénible carrière

Au vénérable asile où, dans mes premiers jours.

J’avais goûté la paix loin des perfides cours.

Le sombre Transtamare, eu cherchant à me plaire,

M’attachait encor plus à ma retraite austère.

D’une mère sur moi tu connais le pouvoir ;

EUv a défruit ma paix, et changé mon devoir.

Dans les dissensions de l’Espagne affligée,

Au parti de don Pèdre en secret engagée,

Pleine de cet orgueil qu’elle tient de son sang.

Elle me précipite en ce suprême rang :

Elle me donne au roi. Le puissant Transtamare

Ne pardonnera point le coup qu’on lui prépare.

Je replonge l’Espagne en un trouble nouveau ;

De la guerre, en tremblant, j’allume le flambeau.

Moi, qui de tout mon sang aurais voulu l’éteindre.

Plus on croit m’élever, plus ma chute est à craindre.

Le roi, qui voit l’État contre lui conjuré.

Cache encor mon secret dans Tolède ignoré :

Notre cour le soupçonne et paraît incertaine.

Je me vois exposée à la publique haine,

Aux fureurs des partis, aux bruits calomnieux ;

Et, de quelque côté que je tourne les yeux,

Ce trône m’épouvante.