Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome7.djvu/430

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LA PRÊTRESSE.

L’affliction du maître impose à tous silence.

YDACE, en poussant un cri et en pleurant.

Ah ! parlez-moi du moins, répondez à mes cris :
Est-il vrai qu’Agathocle ait condamné son fils ?

LA PRÊTRESSE.

Le bruit en a couru.

YDACE.

Je me meurs.

LA PRÊTRESSE.

Chère Ydace !
Ah ! revenez à vous ! un père qui menace
Ne frappe pas toujours. Ma fille, rassurez,
Ranimez vos esprits par le trouble égarés ;
Écartez de votre âme une image si noire.

YDACE.

Argide est condamné !

LA PRÊTRESSE.

Non, je ne le puis croire.

YDACE.

Je ne le crois que trop… C’en est fait.

LA PRÊTRESSE.

C’est ici
Que du sort qui l’attend on doit être éclairci :
L’instant fatal approche ; Agathocle s’avance ;
Il paraît qu’Elpénor lui parle en assurance.
Attendons un moment dans ces lieux retirés ;
Ils furent en tout temps des asiles sacrés :
Méprisés de nos grands, le peuple les révère :
J’y vois déjà venir votre malheureux père.

YDACE.

De votre saint asile on viendra l’arracher :
Aux regards du tyran qui pourra se cacher ?


Scène II.



AGATHOCLE, d’un côté, suivi d’ELPÉNOR ; YDASAN, YDACE, LA PRÊTRESSE, de l’autre côté, retirée dans les ruines du temple.


AGATHOCLE, à Elpénor

Oui, te dis-je, le traître irritait ma colère ;
Dans ses respects forcés il insultait son père :