Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome8.djvu/22

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

4 AVERTISSEMENT DE BEUCHOT.

di'jà connu. L'auteur en faisait des lectures chez le président des Maisons et recueillait les observations des personnes qui y assistaient, et parmi les- quelles était le président Ilénault. Un jour, fatigué des critiques vétilleuses ((u'il essuvait, Yoltaire jette au feu le manuscrit et dit à ses juges : « Il n'est donc bon qu'à être brûlé. »

Duvernet, qui dit tenir l'anecdote du président Hénault lui-même, ajoute' que le président s'élance à la cheminée et dérobe la Henriade aux flammes. Aussi écrivait-il longtemps après à Voltaire: « Souvenez-vous que pour l'ar- racher au feu il m'en a coûté une paire de manchettes de dentelle. »

Près de cent ans après avoir été refusée par Louis XV, ou du moins en son nom, la Henriade eut une destinée bien différente. Lorsqu'on 1818 on rétablit sur le terre-plein du Pont-Neuf une statue de Henri IV, on ne trouva rien de mieux à mettre dans le ventre du cheval qu'un exemplaire de cette même Henriade-.

Dans un voyage qu'il fit à La Haye en octobre 1722, Voltaire proposa son ouvrage au libraire Levier, qui l'annonça par souscription. L'édition devait être in-i" et ornée des gravures faites sous les yeux de Voltaire, et dont j'ai déjà parlé. Le titre était Henri IV, ou la Ligue, poëme héroïque. La souscription devait être fermée le 31 mars 1723^ L'affaire fut rompue, et le libraire rendit l'argent aux souscripteurs.

Rebuté pour ainsi dire de tous côtés. Voltaire, qui n'avait pas fait un poëme pour le garder en portefeuille, se décida à le faire imprimer clandes- tinement. Sa correspondance * nous apprend que l'édition fut faite à Rouen, par Viret, libraire. Ce ne peut être que l'édition in-8" intitulée la Ligue, ou IJejiri le Grand, poëme épique, par M. de Voltaire, à Genève, chez Mokpap, MDCcxxiii, in-8" de viij et 231 pages. L'ouvrage est en neuf chants; et il y a quelques lacunes qui sont remplies par des points ou par des étoiles.

L'année suivante parut une édition in-12 sous le même titre. On croit ([u'elle fut faite à Évreux^, quoiqu'elle porte l'adresse d'Amsterdam. Desfon- tiiines, qui en fut l'éditeur, avoua à Michault'^ avoir rempli à sa fantaisie des lacunes de V édition précédente, et avoir ajouté ces deux vers signalés par Voltaire :

En dépit des Pradons, des Perraults, des H*** (Houdarts), On verra le bon goût fleurir de toutes parts.

Mciis toutes les lacunes n'étaient pas remplies dans l'édition de Desfontaines.

��1. \k de Voltaire, édition de 1797, cliap. vi, page 58.

2. C'est dans la troisième des quatre boîtes mises dans le corps de la statue équestre qu'est placé un exemplaire, sur vélin, en deux volumes in-S", d'une édi- tion de la Henriade, imprimée à Kehl.

3. Mercure, novembre 1722, tome II, page 134.

4. Lettre à M"'" de Bernières, du 20 décembre 1723 ; à Thleriot, du 20 juillet 1724.

5. C'est ce qui est dit dans une note à la suite de la première variante du chant V; note que je crois de Voltaire; voyez page 59.

C. Mélanges historiques et philologiques de Michault, t. I, p. 159.

�� �