Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome8.djvu/597

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M<: TKMl'I.K \)V GOUT. ;;79

Lui-niCme il los oiïaco, ot semble encor nous dire: Ou sachez vous connaître, ou i;ardez-vous d'écrire.

Dosprôanx, par un ordre exprès du dieu du Goût, se récon- ciliait avec Ouinault. ([ui est le poëte des grâces, comme Despréaux est le poëte de la raison.

Mais le sévère satirique» Embrassait encore en grondant Cet aimable et tendre lyrique, Oui lui |iai'(lonniii( en riant.

« Je ne me réconcilie point avec vous, disait Despréaux, que vous ne conveniez qu'il y a bien des fadeurs dans ces opéras si a<>réal)les. — Cela peut bien être, dit Ouinault; mais avouez aussi qne vous n'eussiez jamais lait Aiys ni Armide.

Dans vos scrupuleuses beautés Soyez vrai, précis, raisonnable; Que vos écrits soient respectés : Mais permettez-moi d'être aimable. »

Après avoir salué Despréaux, et embrassé tendrement Quinault, je vis l'inimitable Molière, et j'osai lui dire :

« Le sage, le discret Térence Est le premier des traducteurs; Jamais dans sa froide élégance Des Romains il n'a peint les mœurs. Tu fus le peintre de la France : Nos bourgeois à sots préjugés, Nos petits marquis rengorgés Nos robins toujours ari-angés, Chez toi venaient se reconnaître ; Et tu les aurais corrigés, Si l'esprit humain pouvait l'être.

— Ail! disait-il, pourquoi ai-je été forcé d'écrire quelquefois pour le peuple? Que n'ai-je toujours été le maître de mon temps ! j'aurais trouvé des dénoûments plus heureux; j'aurais moins fait descendre mon génie au bas comique. »

C'est ainsi que tous ces maîtres de l'art montraient leur supé- riorité, en avouant ces erreurs auxquelles l'iiumanité est soumise, et dont nul grand homme n'est exempt.

Je connus alors que le dieu du Goût est très-difficile à satis-

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