la pudeur de notre auteur, en comparaison de nos auteurs antiques.
Mais quid dicam de l’histoire merveilleuse de Gargantua, dédiée au cardinal de Tournon[1] ? On sait que le chapitre des Torche-culs[2] est un des plus modestes de l’ouvrage.
Nous ne parlons point ici des modernes : nous dirons seulement que tous les vieux contes imaginés en Italie, et mis en vers par La Fontaine, sont encore moins moraux que notre Pucelle. Au reste, nous souhaitons à tous nos graves censeurs les sentiments délicats du beau Monrose ; à nos prudes, s’il y en a, la naïveté d’Agnès et la tendresse de Dorothée ; à nos guerriers, le bras de la robuste Jeanne ; à tous les jésuites, le caractère du bon confesseur Bonifoux ; à tous ceux qui tiennent une bonne maison, les attentions et le savoir-faire de Bonneau.
Nous croyons d’ailleurs ce petit livre un remède excellent contre les vapeurs qui affligent en ce temps-ci plusieurs dames et plusieurs abbés ; et quand nous n’aurions rendu que ce service au public, nous croirions n’avoir pas perdu notre temps.
- ↑ C’est au cardinal Odet de Châtillon, son protecteur, que Rabelais a dédié le livre quatrième de son singulier ouvrage, et non pas au cardinal de Tournon. Dans la première des Lettres à S. A. monseigneur le prince de*** sur Rabelais, Voltaire a évité l’erreur de nom qu’il commet ici. (R.)
- ↑ Gargantua, liv. I, chap. xiii.