Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome9.djvu/533

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CHANT DEUXIEME

��Quand deux partis divisent un empire, Plus de plaisirs, plus de tranquillité, Plus de tendresse, et plus d'honnêteté; Chaque cerveau, dans sa moelle infecté, Prend pour raison les vapeurs du délire; Tous les esprits, l'un par l'autre agité. Vont redoublant le feu qui les inspire : Ainsi qu'à table un cercle de buveurs, Faisant au vin succéder les liqueurs, Tout en buvant demande encore à boire. Verse à la ronde, et se fait une gloire En s'enivrant d'enivrer son voisin.

Des prédicants le bataillon divin. Ivre d'orgueil et du pouvoir suprême. Avait déjà prononcé l'anathème ; Car l'hérétique excommunie aussi. Ce sacré foudre est lancé sans merci Au nom de Dieu. Genève imite Rome, Comme le singe est copiste de l'homme. Robert Covelle et ses braves bourgeois Font peu de cas des foudres de l'Église : On en sait trop : on lit l'Esprit des lois; A son pasteur l'ouaille est peu soumise. Le fier Rondon, l'intrépide Flournois, Pallard le riche, et le discret Glavière, Vont envoyer, d'une commune voix. Les prédicants prêcher dans la rivière. On s'y dispose ; et le vaillant Rodon Saisit déjà le sot prêtre Rrognon A la braguette, au collet, au chignon ; Il le soulève ainsi qu'on vit Hercule, En déchirant la robe qui le brûle, Lancer d'un jet le malheureux Lychas.

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