Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome9.djvu/543

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

CHANT TROISIEME

��Quand sur le dos de ce lac argenté Le beau Robert et sa tendre maîtresse Voguaient en paix, et savouraient l'ivresse Des doux désirs et de la volupté ; Quand le Sylvain, la dryade attentive, D'un pas léger accouraient sur la rive ; Lorsque Protée et les nymphes de l'eau Nageaient en foule autour de leur bateau, Lorsque Triton caressait la naïade, Que devenait ce Jean-Jacques Rousseau Chez qui Robert allait en ambassade?

Dans un vallon fort bien nommé Travers S'élève un mont, vrai séjour des hivers-, Son front altier se perd dans les nuages. Ses fondements sont au creux des enfers ; Vu pied du mont sont des antres sauvages. Du dieu du jour'ignorés à jamais : C'est de Rousseau le digne et noir palais. Là se tapit ce sombre énergumcne. Cet ennemi de la nature humaine, Pétri d'orgueil et dévoré de fiel ; Il fuit le monde, et craint de voir le ciel : Et cependant sa triste et vilaine âme Du dieu d'amour a ressenti la flamme ; 11 a trouvé, pour charmer son ennui. Une beauté digne en effet de lui : C'était Caron amoureux de Mégère. Cette infernale et hideuse sorcière Suit en tous lieux le magot ambulant. Comme la chouette est jointe au cliat-buant. J/infàme vieille avait pour nom Vachine ' ;

1. Son nom est Vacheur; c'est de là que l'autour a tire le nom de la fée Va-

�� �