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550 LA GUERRE CIVILE DE GENÈVE. [78]

A tant gémi sous ma prose et mes vers,

Au magasin déjà rongés des vers ;

Le beau Cramer, qui jamais ne s'empresse

Que de clierclier la joie et les festins.

Dont le front chauve est encor cher aux belles,

Acteur brillant dans nos pièces nouvelles;

Cramer, vous dis-je, aimé des citadins,

Se promenait dans la ville affligée.

Vide d'argent, et d'ennuis surchargée.

Dans sa cervelle il cherchait un moyen

De la sauver, et n'imaginait rien.

A la fenêtre il voit madame Oudrille,

Et son époux, et son frère, et sa fille.

Qui chantaient tous des chansons en refrain

Près d'un buffet garni de chambertin.

Mon cher Cramer est homme qui se ])ique

De se connaître en vin plus qu'en musique.

11 entre, il ])oit ; il demeure surpris.

Tout en buvant, de voir de beaux lambris,

Des meubles frais, tout l'air de la richesse :

(( Je crois, dit-il non sans quelque allégresse.

Que la fortune enfin vous a compris

Au numéro de ses chers favoris.

L'an dix-sept cent deux, six, ou je me trompe.

Vous étiez loin d'étaler cette pompe;

Vous demeuriez dans le fond d'un taudis;

Votre gosier, raclé par la piquette.

Poussait des sons d'une voix bien moins nette :

Pour Dieu, montrez à mes sens ébaudis

Par quel moyen votre fortune est faite. »

Madame Oudrille en ces mots répliqua : (( La pauvreté longtemps nous suifoqua. Quand la discorde était dans la famille, Et de chez elle écartait le bon sens. J'étais brouillée avec monsieur Oudrille, Monsieur Oudrille avec tous ses parents. Ma belle-sœur l'était avec ma fille ; Nous plaidions tous, nous mangions du pain bis. Notre intérêt nous a tous réunis :

��ayant acquis dans ses voyages à Paris toutes les grâces plaisantes et l'élcganco des Français de meilleur ton. » Dans l'édition in-i" il y a Hébert, et Hébert le beau, (B.)

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