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it] chant V. 551

Pour être en paix dans son lit comme à table, Le premier point est d'être raisonnable ; Chacun, cédant un peu de son côté, Dans la maison met la prospérité. )>

Cramer aimait cette saine doctrine : D'un trait de feu son esprit s'illumine ; Il se recueille, il fait son pronostic, Boit, prend congé, puis avise un syndic Qui disputait dans la place voisine AA^ec Deluc, et Clavière, et Flournois ; Trois conseillers et quatre bons bourgeois Auprès de làj criaient à pleine tête. Et se morguaient d'un air très-mallionnôte. Cramer leur dit : « Madame Oudrille est prête A vous donner du meilleur cliambertin : Montez là-haut, c'est l'arrêt du destin ; Ce jour pour vous doit être un jour de fête, d Chacun y court, citadin, conseiller : Le beau Covelle y monte le premier ; En jupon blanc sa belle requinquée. Les cheveux teints d'une poudre musquée, L'accompagnait, et serrait son blondin. Qui sur le cou lui passait une main. A leur devant madame Oudrille arrive ; Sa face est ronde, et sa mine est naïve : En la voyant, le cœur se réjouit. Elle conta comment elle s'y prit Pour radouber sa barque délabrée.

Tout le conseil entendit la leçon : Le peuple même écouta la raison. Les jours sereins de Saturne et de Rhée, Les temps heureux du beau règne d'Astrée, Dès ce moment renaquirent pour eux; On Joippela les danses et les jeux Qu'avait bannis Calvin l'impitoyable. Jeux protégés par un ministre aimable, Jeux détestés de Vernet l'ennuyeux. Celle qu'on dit de Jupiter la fille, Mère d'amour et des plaisirs de paix, Revint placer son lit à Plainpalais\

1. Plainpalais, promenade entre le Rhône et l'Arve aux portes de la ville, cou-

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