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PREMIERS CONTES
EN VERS[1]




L’ANTI-GITON


À MADEMOISELLE LECOUVREUR[2]


(1714)


Ô du théâtre aimable souveraine,
Belle Chloé, fille de Melpomène,
Puissent ces vers de vous être goûtés !
Amour le veut, Amour les a dictés.

  1. On trouve dans les Contes de M. de Voltaire une poésie plus brillante, une philosophie aussi vraie, moins naïve, mais plus relevée et plus profonde que dans ceux de La Fontaine. L’auteur de Joconde est un voluptueux rempli d’esprit et de gaieté, auquel il échappe, comme malgré lui, quelques traits de philosophie ; celui de l'Education d’un prince est un philosophe qui, pour faire passer des leçons utiles, a pris un masque qu’il savait devoir plaire au grand nombre des lecteurs. Dans un moindre nombre d’ouvrages, les sujets sont plus variés ; ce n’est pas toujours, comme dans, La Fontaine, une femme séduite, ou un mari trompé ; la véritable morale y est plus respectée ; la fourberie, la violation des serments, n’y sont point traitées si légèrement. La volupté y est plus décente ; et, à l’exception d’un petit nombre de pièces échappées à sa première jeunesse*, le ton du libertinage en est absolument banni. (K.)

    * À la suite de la Henriade, on trouve, dans l’édition donnée par Desfontaines en 1724, un conte intitulé le Banquet, et qui est donné comme étant de Voltaire. Le doute sur son authenticité est si général qu’aucun éditeur des Œuvres de Voltaire ne l’a encore reproduit ; je ne commencerai pas. Je parle ailleurs de deux autres contes attribués à Voltaire ; voyez tome X, note 1 de la page 3. (B.)

  2. La date de 1714 est donnée à cette pièce par les éditeurs de Kehl ; et rien, à ma connaissance, ne la contredit.

    Ce ne fut cependant qu’en 1720 qu’elle fut imprimée pour la première fois. C’est