Page:Von Moltke - La Guerre de 1870.djvu/370

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362 LA GUERRE DE 1870. mises en pièces, le général Ghanzy avait donné, dès 8 heures du matin, l’ordre de commencer la retraite. Elle devait se faire sur Alençon, où le ministre avait promis d’envoyer deux divisions du 19* corps, de Carentan. La marche de la deuxième armée sur le Mans avait duré sept jours et n’avait été qu’une série continue d’engage- V ments. Elle eut lieu à un moment où les troupes avaient à supporter toutes les rigueurs de l’hiver. Le verglas et les tourmentes de neige rendaient plus difficiles encore tous les mouvements. H était impossible de faire bivouaquer les troupes et, pour les cantonner, il fallait souvent les faire revenir en arrière à la distance de 10, de 15 kilomètres, qu’elles refaisaient en avant le matin. Il se passait des heures avant qu’elles fussent rassemblées le lendemain ma- tin, et les journées étaient si courtes qu’on ne pouvait plus guère mettre àprofit les résultats obtenus dans les engage- ments de la veille. La garde des prisonniers absorbait des bataillons entiers. L’état des chemins était tel que le train n’avait pu suivre l’armée, les officiers et la troupe étaient mal couverts, insuffisamment nourris. Mais,' à force de bonne volonté, de persévérance et gràce à la discipline, on vainquit toutes les difficultés. Dans ces luttes continues, l’armée perdit 3200 hommes et 200 officiers, le III° corps figure ·a lui seul dans ces pertes pour plus de la moitié du chiffre total. Beaucoup de compagnies n’étaient plus commandées que par des ser- gents-majors. t ` Les Français disent avoir perdu 6200 hommes; cepen- dant 20 000 des leurs figurent comme prisonniers au nombre des trophées conquis par les Allemands, avec 17 bouches à feu, 2 drapeaux et un matériel de guerre considérable. Après les efforts inouïs qu’elles avaient faites, les troupes