Page:Voragine - Légende dorée.djvu/248

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elles et parvint ainsi jusqu’au vieillard. Celui-ci, émerveillé de ce miracle, voulut se prosterner humblement à ses pieds. Mais elle lui dit : « Mon père, garde-toi de te prosterner devant moi, surtout maintenant que tu es porteur du corps du Christ ; mais daigna seulement revenir encore vers moi l’année prochaine ! » Puis, ayant reçu le sacrement, elle fit de nouveau un signe de croix, et de nouveau marcha sur les eaux jusqu’à l’autre rive.

L’année suivante, Zosime ne la trouva plus sur le rivage. Il passa le fleuve, se rendit à l’endroit où il l’avait vue la première fois ; et là il la vit, morte, étendue sur le sable. Alors il fondit en larmes ; et il n’osait point toucher ses restes, par crainte de lui déplaire, car elle était nue. Mais tandis qu’il songeait aux moyens de l’ensevelir, il lut une inscription tracée sur le sable : « Zosime, ensevelis mon corps, rends mes cendres à la terre, et prie pour moi le Seigneur, sur l’ordre de qui j’ai enfin été délivrée de ce monde, le second jour d’avril ! » Ainsi le vieillard découvrit qu’elle était morte presque aussitôt après avoir reçu la sainte communion. Et comme il s’épuisait à creuser une fosse, il vit un lion, qui, doucement, s’approchait de lui. Et il lui dit : « Cette sainte femme m’a ordonné d’ensevelir son corps ; mais, vieux comme je le suis, et n’ayant point de bêche, je ne parviens pas à creuser la fosse. Toi donc, mon ami, creuse une fosse, afin que nous puissions ensevelir le corps vénéré de Marie l’Égyptienne ! » Et aussitôt le lion se mit à creuser une grande fosse, après quoi il s’en alla, doux comme un agneau ; et le vieillard s’en retourna vers son monastère en glorifiant Dieu.