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LA LÉGENDE DORÉE
LVII


SAINT AMBROISE, ÉVÊQUE ET DOCTEUR
(4 avril)


La vie de saint Ambroise a été écrite par Paulin, évêque de Noie, dans une lettre à saint Augustin.

I. Saint Ambroise était fils d’un préfet de Rome nommé Ambroise. Pendant qu’il dormait dans son berceau, un essaim d’abeilles descendit sur lui, et les abeilles entraient dans sa bouche comme dans une ruche ; après quoi elles s’envolèrent si haut que l’œil humain les perdait de vue. Alors le père de l’enfant s’écria : « Cet enfant, s’il vit, deviendra quelque chose de grand ! » Plus tard Ambroise, étant adolescent, et voyant que sa mère et sa sœur baisaient les mains des prêtres, offrit, un jour à sa sœur ses propres mains à baiser, par manière de jeu, et ajouta qu’elle aurait un jour à les lui baiser sérieusement. Il étudia les lettres à Rome, et plaida au prétoire avec tant d’éclat que l’empereur Valentinien le chargea de gouverner les provinces de la Ligurie et de l’Émilie. Il vint donc à Milan, où tout le peuple s’était réuni pour élire un évêque. Et comme les ariens et les catholiques se querellaient au sujet de cette élection, Ambroise intervent entre eux pour apaiser leur querelle. Et voici qu’une voix d’enfant se fit entendre tout à coup, disant qu’Ambroise lui-même devait être élu évêque : ce à quoi tout le peuple consentit, de telle sorte qu’Ambroise fut élu par acclamation. Mais lui, dès qu’il le sut, s’efforça de les détourner de ce choix en les terrorisant : sortant de l’église il se rendit à son tribunal, et, contre son habitude, condamna plusieurs prévenus à des peines corporelles. Cependant le peuple persistait dans son choix et continuait à l’acclamer, disant : « Que la faute de ton péché retombe sur nous ! » Alors, tout troublé, Ambroise rentra chez lui et y fit venir, au su de tous, des filles publiques, espérant que la vue de ce scandale dé-