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Page:Voragine - Légende dorée.djvu/250

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SAINT AMBROISE

tournerait le peuple de le prendre pour évêque. Mais cela même ne servit de rien, car le peuple persistait à lui dire : « Que la faute retombe sur nous ! » Alors Ambroise, désespéré, résolut de s’enfuir au milieu de la nuit, et se mit en route dans la direction du Tessin. Mais, après avoir marché toute la nuit, il se retrouva, le matin, devant une porte de Milan qu’on appelle la Porte Romaine. Il y fut reconnu par le peuple, et gardé par lui ; et l’on rendit compte de la chose à l’empereur Valentinien, qui fut enchanté de voir qu’on prenait pour évêque un de ses fonctionnaires. Et le bon préfet, père d’Ambroise, se réjouissait de voir sa prédiction réalisée. Cependant Ambroise, à Milan, était de nouveau parvenu à se cacher, mais de nouveau il fut retrouvé. Il reçut le baptême, car il n’était encore que catéchumène, et, huit jours après, il montait dans la chaire épiscopale. Et comme, quatre ans plus tard, il était retourné à Rome et que sa sœur lui baisait respectueusement la main, il lui dit en riant : « Eh bien, ne l’avais-je pas prédit, que tu aurais un jour à me baiser la main pour de bon ? »

II. Ambroise vint un jour ordonner un évêque dans une ville où l’impératrice Justine et d’autres hérétiques voulaient faire élire un homme de leur secte. Et voici qu’une jeune fille arienne, plus hardie que les autres, monta dans la chaire où se tenait saint Ambroise, et se mit à le tirer par le pan de son manteau ; elle espérait l’entraîner vers un groupe de femmes qui l’auraient frappé et jeté hors de l’église. Mais Ambroise lui dit : « Si indigne que je sois de mon sacerdoce, tu n’as pas le droit de porter la main sur un prêtre ! Crains le jugement de Dieu, et prends garde que quelque mal n’en résulte pour toi ! » Paroles que l’événement ne tarda pas à confirmer : car, le lendemain, la jeune fille mourut, et Ambroise la conduisit jusqu’au lieu de sa sépulture, rendant ainsi le bien pour le mal. Et l’exemple de cette mort effraya toute la ville.

Revenu à Milan, saint Ambroise eut à éviter d’innombrables pièges de l’impératrice Justine qui, par l’argent