Page:Voragine - Légende dorée.djvu/430

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

mier martyr. Et comme elle le conduisait par mer à Constantinople, on entendit le chant des anges, une odeur merveilleuse se répandit à bord du bateau, et les démons, furieux, suscitèrent une affreuse tempête. Mais, comme les matelots tremblaient d’épouvante, saint Étienne leur apparut en personne, et leur dit : « C’est moi qui suis avec vous, ne craignez rien ! » Et aussitôt le calme succéda à la tempête. Le bateau parvint alors sans encombre jusqu’à Constantinople, où le corps de saint Étienne fut pieusement déposé dans une église.

Enfin, nous allons raconter de quelle manière fut faite la conjonction du corps de saint Étienne avec celui de saint Laurent. Eudoxie, fille de Théodose, qui se trouvait à Rome, était possédée d’un démon qui la persécutait cruellement. Alors son père, qui demeurait à Constantinople, lui enjoignit de venir près de lui, afin qu’elle pût toucher les reliques de saint Étienne. Mais le démon qui était en elle se mit à crier : « Si Étienne ne vient pas à Rome, je ne sortirai pas d’où je suis ! » Ce qu’apprenant, Théodose obtint du clergé et du peuple de Constantinople, que les reliques de saint Étienne fussent échangées contre celles de saint Laurent, qui, jusqu’alors, étaient gardées à Rome. L’empereur écrivit donc au pape Pelage pour lui demander cet échange ; et le pape réunit un concile de cardinaux, qui y consentit. Des cardinaux furent alors envoyés à Constantinople pour y prendre le corps de saint Étienne, et des Grecs furent envoyés à Rome pour en ramener les reliques de saint Laurent.

Le corps de saint Étienne ayant été d’abord débarqué à Capoue, les habitants de Capoue obtinrent de pouvoir en garder le bras droit ; et une église métropolitaine fut fondée pour recevoir la précieuse relique. Puis le corps du martyr fut transporté à Rome, où on voulait le déposer dans l’église de Saint-Pierre aux Liens. Mais quand le cortège passa devant l’église où était le corps de saint Laurent, les porteurs durent s’arrêter, retenus par une force mystérieuse qui les empêchait d’avancer.