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Page:Voragine - La Légende dorée, trad. Roze, 1902, t1.djvu/28

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VI
JACQUES DE VARAZZE

formats, sont nombreuses et la Légende pourrait le disputer par ses réimpressions avec les ouvrages les plus estimés.

Si les récits de Jacques de Voragine n’avaient point été dignes d’être goûtés, assurément il deviendrait bien difficile de s’expliquer une vogue si générale et tellement constante dans tous les pays durant plusieurs siècles. Mais il s’est opéré une terrible révolution contre ce livre qui, jusqu’au xvie siècle, avait passé pour de l’or (aurea) : il ne fut plus regardé que comme du fer ou bien encore comme quelque chose de très inférieur. Relégué au fond des bibliothèques, il ressemble, paraît-il, à ces monnaies saussées ou fausses, conservées, sans qu’on y jette les yeux, dans les cabinets des collectionneurs, surpris de savoir qu’elles ont eu un grand cours, on dirait même un cours forcé chez une foule de peuples.

Les premiers lecteurs furent-ils des dupes ? La justice est-elle du côté de la critique moderne ? Quelle est la valeur de la Légende dorée ?

La traduction que nous en avons essayée, nous l’a fait aimer ; nous allons tâcher de la défendre.

Nous serons assez hardis même pour prétendre venger le pieux dominicain, le bienheureux archevêque de Gênes, des ennemis que son livre lui a suscités dans des rangs diamétralement opposés, et notre tâche, sans crainte de nous créer des illusions, nous semble facile. Nous n’avons qu’à exposer la méthode qu’il emploie, qu’à découvrir les sources où il puise, à