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Page:Voyage en Navarre pendant l'insurrection des Basques.pdf/90

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VOYAGE EN NAVARRE.

est de l’eau, grâce à Dieu, dit-il, la nôtre est claire ; mais j’ai bien peur qu’au rebours vous ne rêviez ce soir au vin de France, car celui que j’ai l’honneur de vous offrir est bien mauvais. — Apprenez, seigneur Labourdin, que je suis un Cantabre de la bonne roche, un véritable Ibère ; j’observe la loi, et je ne fais point usage de cette liqueur traîtresse dont l’excès abrutit l’homme en abrégeant sa vie. Je ne bois jamais de vin. » Le vieillard demeura fort étonné. — Par saint Pierre ! tu fais bien et tu dis vrai, jeune homme : tu vivras long-temps comme nos ancêtres, et tu ne trahiras point tes secrets.» Pendant que le Labourdin me parlait de la sorte, avec la brusquerie la plus amicale, sa femme mit le dessert sur la table, puis s’assit à côté de son mari : tel est l’usage chez nos paysans. « Seigneur Souletin, vous voyez cette bonne femme ; elle parle, quand elle veut, mieux qu’un livre, chante comme un séraphin, et fut dans son temps l’une des plus jolies filles de tout le Labourd. » Le bon Basque, en faisant ainsi