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Page:Voyages de Francois Bernier (éd. 1710), vol. 1.pdf/118

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Histoire des États

cela ; il faut que Sultan Sujah ſoit mis en déroute, & qu’il s’enfuye comme Dara pour ſauver ſa vie, il faut qu’Aureng-Zebe demeure victorieux, qu’il l’emporte par tout & qu’il ſoit Roi des Indes.

Il faut ſe ſouvenir de la bataille de Samonguer, & de cette rencontre ſi petite en apparence qui ruïna Dara : c’eſt la même beveuë, ou pour mieux dire une ſemblable trahifon qui s’en va perdre Sultan Sujah. Allah-verdi-Kan un de ſes principaux Capitaines, qui (à ce que quelques-uns dirent) avoit été gagné, va ſe ſervir du même artifice que Calil-ullah-kan avoit fait envers Dara : Il y en eut pourtant qui crurent qu’il n’y eut point de malice, & que ce fut ſeulement une ſimple flaterie ; car voyant que toute l’Armée d’Aureng-Zebe étoit en deſordre, il courut vers Sultan Sujah, lui diſant de loin les mêmes Mohbarek que Calil-ullah-Kan, & le ſupliant à mains jointes de ne ſe tenir plus là en ſi grand danger ſur ſon Elephant ; deſcendez au nom de Dieu, lui dit-il, montez à cheval, Dieu vous a fait Souverain des Indes, pourſuivons ces fuyarts ; qu’Aureng-Zebe ne nous échape pas : Mais

pour-