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Page:Voyages de Francois Bernier (éd. 1710), vol. 1.pdf/137

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du grand Mogol.

voit fallu marcher quaſi jour & nuit avec une chaleur & une pouſſiere inſuportable) cependant quelque choſe qu’il pût dire & qu’il pût commander pour lui, pour une de ces femmes qui étoit bleſſée à la jambe, & pour moi, il ne lui fut pas poſſible de me faire trouver ny bœufs, ny chameaux, ny chevaux ; ſi bien qu’il fut obligé pour ma bonne fortune de me laiſſer là. Je le vis partir, & certes les larmes aux yeux, accompagné tout au plus de quatre à cinq Cavaliers avec deux Elephans qu’on diſoit être chargez d’or & d’argent, & j’entendis dire qu’on s’en alloit prendre la route de Tatabakar, car il ne voyoit rien de meilleur à faire, quoi que cela ſemblât comme impoſſible, veu le peu de gens qui lui reſtoient & ces grands deſerts ſabloneux, la plupart ſans eau bonne à boire, qu’il avoit à traverser au plus fort de l’Eté : auſſi la plus grande partie de ceux qui le ſuivirent, & même pluſieurs de ſes femmes, y perirent ou de ſoif ou de mauvaises eaux, ou de fatigue & de mauvaise nourriture, ou enfin dépouillez par les Koullys ; Neanmoins il fit encore tant d’efforts qu’il gagna enfin les terres du Raja Katche ; malheureux de

n’être