Aller au contenu

Page:Voyages de Francois Bernier (éd. 1710), vol. 1.pdf/139

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
131
du grand Mogol.

ſept ou huit jours, ils eurent la bonté & la generoſité de me prêter un bœuf, & de me conduire juſques à la veuë des Tours d’Amed-Abad : Et enfin comme delà à quelques jours je retournai à Dehly ayant trouvé l’occaſion d’un Omrah qui s’y en alloit, rencontrant de tems en tems par le chemin des cadavres d’hommes, d’Elephans, de bœufs, de chevaux & de chameaux, le debris de cette malheureuſe Armée de Dara ; ce ſont choſes qui ne valent pas la peine que je m’amuſe ici à les décrire.

Pendant que Dara s’avance vers Tatabakar, la guerre continue en Bengale, & bien plus long-tems qu’on ne croyoit, Sultan-Sujah faifant des efforts incroyables & jouant de ſon reſte contre l’Emir-Jemla : neanmoins cela n’embarraſſoit pas tant Aureng-Zebe, qui ſçavoit qu’il y a bien loin de Bengale en Agra, & connoiſſoit bien la prudence & la valeur de l’Emir-Jemla : ce qui l’inquietoit beaucoup plus c’étoit de voir Soliman Chekouh comme à ſa porte (car d’Agra aux montagnes il n’y a pas huit jours de chemin) dont il ne pouvoit venir à bout, & qui lui donnoit de perpetuelles alarmes par les bruits qui couroient à

tou-