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Page:Voyages de Francois Bernier (éd. 1710), vol. 1.pdf/140

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Histoire des États

toute heure qu’il deſcendoit des montagnes avec le Raja : il eſt certainement difficile de le tirer de là. Voyons de quelle maniere il s’y prend pour en venir a bout.

Il fait écrire coup ſur coup le Raja Jeſſeingue au Raja de Serenaguer, lui faiſant force grandes promeſſes s’il lui vouloit mettre en main Soliman-Chekouh, & le menaçant en même temps de la guerre s’il s’opiniâtroit à le garder : le Raja fait réponse qu’il perdroit plûtôt fon Eſtat que de faire une ſi lâche action & Aureng-Zebe voyant ſa reſolution ſe met en campagne & s’en va droit aux pieds des montagnes, & avec une infinité de pionniers fait couper les rochers & élargir les chemins : mais le Raja ſe moque de tout cela, auſſi n’a-t-il pas beaucoup à craindre de ce côté-là ; Aureng-Zebe auroit eu beau couper, ce ſont comme j’ai dit des montagnes inacceſſibles à une Armée, & les pierres ſuffiroient pour arrêter les forces de quatre Indouſtans, de ſorte qu’il fut obligé de s’en retourner ſans rien faire.

Dara cependant s’aproche de ſa fortereſſe de Tatabakar, & quand il n’en fut qu’à deux ou trois petites journées, nouvelles lui vinrent que Mir-Baba, qui l’aſſiegoit depuis long-temps, l’avoit enfin reduite à

l’ex-