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Page:Voyages de Francois Bernier (éd. 1710), vol. 1.pdf/141

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du grand Mogol.

l’extrémité, comme je l’ai appris depuis de nos François & autres Franguys qui y étoient ; la livre de ris & de chair y ayant valu plus d’un écu, & ainſi des autres vivres à proportion ; neanmoins le Gouverneur tenoit toûjours bon, faiſoit des ſorties qui incommodoient extrémement l’Ennemi, & montroit toute la prudence, le courage & la fidelité poſſible, fe moquant des efforts du General Mir-Baba, & de toutes les menaces & promeſſes d’Aureng-Zebe.

C’eſt ainſi que je l’ai auſſi appris depuis de nos François & de tous ces autres Franguis qui étoient avec lui, ajoûtans que quand il entendit que Dara n’étoit pas loin il redoubla ſes liberalitez, & ſçût ſi bien gagner le cœur de tous les Soldats, & les animer à bien faire, qu’il n’y en avoit pas un qui ne fût en reſolution de ſortir ſur l’Ennemi, & de tout riſquer pour faire lever le ſiege & faire entrer Dara : & qu’il avoit ſi bien ſçû mettre la crainte & l’épouvante dans le camp de Mir-Baba, y faiſant adroitement paſſer des eſpions qui aſſuroient qu’ils avoient veu Dara aprocher en grande reſolution & avec de fort bonnes troupes, que s’il fût venu, comme on le [illisible] à chaque moment, l’Armée

en-