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Page:Voyages de Francois Bernier (éd. 1710), vol. 1.pdf/142

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Histoire des États

ennemie étoit pour ſe débander le voyait paroître, & pour paſſer même une partie de ſon côté ; mais il eſt toûjours trop malheureux pour entreprendre quelque choſe qui puiffe reüſſir. Croyant donc que faire lever le ſiege avec ce peu de monde qu’il avoit, c’étoit une choſe impoſſible, il délibera de paſſer le fleuve Indus & tacher de gagner la Perſe ; quoi que ce n’eût pas été ſans des difficultez & des incommoditez terribles, à cauſe des deſerts & du peu de bonnes eaux qu’il y a dans ces endroits-là ; outre que ſur ces frontieres ce ne ſont que petits Rajas & Patans qui ne reconnoiſſent quaſi perfonne ni le Perſan ni le Mogol ; mais ſa femme l’en diſſuada fort par cette foible raiſon, qu’il falloit donc qu’il ſe refolut de voir ſa femme & ſa fille eſclaves d’un Roi de Perſe, que c’étoit une choſe indigne de la grandeur de ſa famille, & qu’il valloit mieux mourir que de ſouffrir cette infamie ; comme ſi autrefois la femme de Houmayon fût devenue ou eût demeuré eſclave du Roi de Perſe.

Comme il étoit dans cette peine, il ſe ſouvint qu’il y avoit là autour un Patan aſſez puiſſant, nommé Gion-kan, auquel il avoit autrefois ſauvé la vie

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