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Page:Voyages de Francois Bernier (éd. 1710), vol. 1.pdf/153

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du grand Mogol.

ſentimens ; mais les ſecretes negociations du Raja Jeſſeingue, les promeſſes & les menaces d’Aureng-Zebe, la mort de Dara, & les autres Rajas des montagnes ſes voiſins, qu’on avoit gagnez, & qui ſe preparoient par ordre & aux dépens d’Aureng-Zebe à lui faire la guerre, ébranlerent enfin la foi de ce lâche Protecteur, & le firent conſentir à ce qu’on lui demandoit : Soliman-Chekouh qui en fut averti s’enfuit au travers de ces païs perdus & de ces deſerts de montagnes vers le grand Tibet ; mais le fils du Raja, qui courut incontinent après, le fit attaquer à coups de pierres ; le pauvre Prince fut bleſſe, fut ſaiſi & amené à Dehli, où il fut emprisonné dans Selimguer cette petite fortereſſe où l’on avoit mis d’abord Morad-Bakche.

Auſſi-tôt Aureng-Zebe pour obſerver ce qu’il avoit pratiqué à l’égard de Dara, & afin que perſonne ne pût douter que ce ne fût Soliman-Chekouh lui même, commanda qu’on le lui amenât en preſence de tous les Seigneurs de la Cour. (Il me doit ſouvenir que j’eus là un peu trop de curioſité.) A l’entrée de la porte on lui ôta les chaînes qu’il avoit aux pieds, lui laiſſant celles des mains qui

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