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Page:Voyages de Francois Bernier (éd. 1710), vol. 1.pdf/154

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Histoire des États

paroiſſoient dorées : Quand on vit entrer ce grand jeune homme ſi beau & ſi bien fait, il y eut quantité d’Omrahs qui ne pûrent tenir leurs larmes ; comme auſſi, à ce qu’on difoit, toutes ces grandes Dames de la Cour qui avoient eu permiſſion de le venir voir, cachées au travers de certaines jalouſies. Aureng-Zebe, qui témoignoit lui-même être fort touché de ſon malheur, ſe mit à lui donner de très-bonnes paroles pour le conſoler, lui diſant entre autres choſes, qu’il n’apprehendât point, qu’il ne lui ſeroit fait aucun mal ; qu’au contraire il ſeroit très-bien traitté, qu’il eût bonne eſperance, que Dieu eſt grand, qu’il ſe conſolât, & qu’il n’avoit fait mourir Dara ſon pere, que parce qu’il étoit devenu Kafer, homme ſans Religion ; ſur quoi le Prince lui fit le Salam, ou le ſalut de remerciment ; abaiſſant ſes mains en terre & les hauſſant du mieux qu’il pouvoit ſur ſa tête ſelon la coûtume du païs, & lui dit avec beaucoup d’aſſurance, que s’il avoit à lui faire boire le Pouſt, il le ſuplioit de le faire mourir dès à preſent, qu’il en étoit très-content : mais Aureng-Zebe lui promit tout haut qu’il ne lui en feroit point boire,

qu’il