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Page:Voyages de Francois Bernier (éd. 1710), vol. 1.pdf/155

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du grand Mogol.

qu’il fût en repos de ce côté-là, & qu’il ne ſongeât qu’à ne s’attriſter point : cela dit, on lui fit encore une fois faire le Salam, & après qu’on lui eut fait quelques demandes de la part d’Aureng-Zebe ſur cét Elephant chargé de roupies d’or qu’on lui avoit pris lors qu’il paſſa à Serenaguer, on le fit retirer, & dès le lendemain on le fit conduire à Goüaleor avec les autres. Ce Pouſt n’eſt autre choſe que du pavot écraſé qu’on laiffe la nuit tremper dans de l’eau ; c’eſt ce qu’on fait ordinairement boire à Goüaleor, à ces Princes auſquels on ne veut pas faire couper la tête ; c’eſt la premiere choſe qu’on leur porte le matin, & on ne leur donne point à manger qu’ils n’en ayent beu une grande taſſe, on les laiſſeroit plûtôt mourir de faim ; cela les fait devenir maigres & mourir inſenſiblement, perdant peu à peu les forces & l’entendement, & devenans comme tout endormis & étourdis, & c’eſt par là qu’on dit qu’on s’eſt défait de Sepe-Chekouh, du petit fils de Morad-Bakche, & de Soliman-Chekouh meme.

Pour ce qui eſt de Morad-Bakche, on s’en eſt défait d’une autre maniere bien plus violente ; car Aureng-Zebe voyant

qu’en