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Page:Voyages de Francois Bernier (éd. 1710), vol. 1.pdf/156

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Histoire des États

qu’encore qu’il fût en prifon, tout le monde ne laiſſoit pas d’avoir inclination pour lui, & de faire courir des poëſies à ſa loüange ſur ſa vaillance & ſon courage : Il ne crut pas que ce fût aſſez pour ſa ſeureté de le faire mourir en cachette par le Pouſt comme les autres, apprehendant qu’on ne doutât toûjours de ſa mort, & que cela ne pût donner un jour quelque pretexte de remuement : voici une accuſation, qu’on dit qu’il lui ſuſcita.

Les enfans d’un certain Sayed fort riche, qu’il avoit fait mourir en Amed-Abad pour avoir ſon bien, lors qu’il faiſoit là ſes preparatifs de guerre, & qu’il empruntoit ou prenoit de force de l’argent de tous les riches Marchands, ſe vinrent plaindre en pleine aſſemblée, demandans juſtice, & la tête de Morad-Bakche pour le ſang de leur pere ; pas un des Omrahs n’oſa contredire ; tant parce que c’étoit un Sayed, c’eſt à dire un des parens de Mahomet, auquel par conſequent on portoit grand respect, que parce que chacun s’apercevoit affez du deſſein d’Aureng-Zebe, & que tout cela n’étoit qu’un pretexte pour pouvoir avec quelque aparence de juftice ſe défaire de

lui