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Page:Voyages de Francois Bernier (éd. 1710), vol. 1.pdf/173

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du grand Mogol.

à la grande pouſſiere & au bruit que faiſoit ſon cheval ; & d’abord cette genereuſe Tartare montée ſur un cheval furieux, ſon arc & ſon carquois pendu à ſon côté, leur cria de loin qu’elle étoit encore prête à leur donner la vie, s’ils vouloient ramener au village tout ce qu’ils avoient pris, & ſe retirer ſans bruit ; l’avis de la fille les émeut auſſi peu qu’avoient fait ceux de la mére ; neanmoins ils furent bien étonnez quand ils la virent decocher en un moment trois ou quatre groſſes fléches qui jetterent autant de leurs gens par terre, ce qui les obligea de mettre la main au carquois ; mais elle ſe tenoit ſi éloignée qu’aucun d’eux ne pouvoit l’atteindre ; elle ſe moquoit de leurs efforts & de leurs fléches, ayant ſceu les attaquer de la portée de ſon arc, & les meſurer ſelon la force de fon bras qui étoit tout autre que les leurs ; ſi bien qu’après en avoir tué la moitié à coup de fléches, & les avoir mis en deſordre, elle vint fondre le ſabre à la main ſur le reſte qu’elle tailla en pieces.

Les Ambaſſadeurs de Tartarie n’étoient pas encore ſortis de Dehly qu’Aureng-Zebe tomba extrémement malade ; une fiévre violente & continuë lui faiſoit perdre quelquefois le jugement ; Il

fut