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Page:Voyages de Francois Bernier (éd. 1710), vol. 1.pdf/174

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Histoire des États

fut ſaiſi d’une telle paralyſie à la langue qu’elle lui ôtoit preſque la parole, & les Medecins deſeſperoient de ſa ſanté, on entendoit dire à toute heure que c’en étoit fait, & que Rauchenara-Begum faiſoit celer ſa mort pour ſes deſſeins ; le bruit couroit même que le Raja Jeſſomſeingue, qui étoit Gouverneur en Guzarate, venoit à grandes journées pour délivrer Chah-Jehan ; que Mohabet-kan qui avoit enfin obeï aux ordres d’Aureng-Zebe, quittant le Gouvernement de Kaboul, & qui étoit déja en deçà de Lahor pour s’en revenir, ſe hâtoit auſſi avec trois ou quatre mille Cavaliers à même deſſein, & que l’Eunuque Etbar-kan, qui gardoit Chah-Jehan dans la fortereſſe d’Agra, vouloit avoir l’honneur de le délivrer : Nous voyions d’un côté Sultan Mazum briguer fortement, & tâcher par promeſſes de s’aſſurer des Omrahs, jufques là qu’une nuit il s’en alla déguiſé chez le Raja Jeſſeingue le prier & comme ſe jetter à ſes pieds pour l’obliger de prendre ſes interêts en main ; Nous ſavions d’ailleurs que Rauchenara-Begum avec Fedaykan grand Maître de l’artillerie & pluſieurs Omrahs briguoient & ſe declaroient pour le jeune Prince Sultan Ekbar le troſiéme

fils