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Page:Voyages de Francois Bernier (éd. 1710), vol. 1.pdf/175

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du grand Mogol.

fils d’Aureng-Zebe, quoi qu’il ne fût encore âgé que de ſept à huit ans, les Concurrens des deux partis ſe vantans cependant qu’ils n’avoient point d’autre deſſein que de délivrer Chah-Jehan ; de ſorte que le peuple croyoit qu’il alloit être mis en liberté, quoique pas un des Grands n’y penſât tout de bon, & qu’ils ne fiſſent courir ces bruits que pour ſe donner plus de credit, & parce qu’il craignoit que par le moyen d’Etbar-kan ou par quelqu’autre intrigue ſecrete & inconnue on ne le vît un jour ſortir en campagne ; & en effet de tous tant qu’ils étoient, il n’y en avoit pas un qui eût eu ſujet de ſouhaitter ſa liberté & de le revoir ſur le Trône : excepté Jeſſomſeingue, Mohabet-kan, & quelques autres qui encore n’avoient pas fait grand’choſe, n’avoient-ils pas tous été contre lui ? du moins l’avoient-ils lâchement abandonné. Ils ſçavoient bien qu’il ſeroit un Lyon déchainé s’il ſortoit ; qui donc eût pû s’y fier ? & que pouvoit eſperer Etbar-kan qui l’avoit ſi rudement reſerré ? Je ne ſai quand par quelque hazard il eût pû ſortir de captivité, s’il ne ſe ſeroit point encore trouvé tout ſeul de ſon parti ; mais quoi qu’Aureng-Zebe fût extréme-

ment