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Page:Voyages de Francois Bernier (éd. 1710), vol. 1.pdf/78

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Histoire des États

ceſſa bien-tôt, chacun reprenant ſon rang & avançant de même pas avec lui, mais il ne pût joindre l’Ennemi ſans eſſuyer auparavant une autre décharge de l’artillerie, qui cauſa encore beaucoup de deſordre, & fit reculer une bonne partie de ſes gens ; lui neanmoins ſans perdre contenance tient toujours ferme, animoit ſes gens & faiſoit toûjours ſigne de la main qu’on eût à le ſuivre, & qu’on avançat vite ſans perdre de tems ; ainſi pouſſant vigoureuſement il força l’artillerie, rompit & debarraſſa les chaînes, entra dans le Camp, & mit en deroute & les chameaux & l’infanterie, & tout ce qu’il rencontra de ce côté-là, & fit un beau paſſage au reſte de la cavalerie qui le ſuivoit. Et ce fut alors qu’ayant en tête la cavalerie ennemie il y eut un rude combat. Une grêle de fléches vola premierement de part & d’autre ; Dara lui-même mettant la main au carquois ; mais à dire le vrai toutes ces fléches ne font pas grand effet, il s’en perd plus en l’air ou s’en rompt plus en terre dix fois, qu’il n’y en a qui portent. Les premieres décharges de fléches faites, on s’approche de près, & enfin on en vient au ſabre, on donne, on ſe mêle, le combat s’opi-

niâtre,