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Page:Voyages de Francois Bernier (éd. 1710), vol. 1.pdf/92

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Histoire des États

grand ami, & s’être de nouveau jurez l’un à l’autre fidelité ; il s’en alla droit à la tente de Soliman-Chekouh qui attendoit avec grande impatience ; car il avoit auſſi des nouvelles de la deroute de Dara, & l’avoit déja pluſieurs fois envoyé chercher ; il lui découvrit franchement toutes chofes ; lui montra les lettres d’Aureng-Zebe ; lui fit remarquer l’ordre qu’il avoit de le prendre ; lui remontra le danger où il étoit qu’il n’y avoit point d’apparence qu’il ſe dût fier à Delil-kan, ny à Daoud-kan, ni au reſte de fon Armée, & lui conſeilla en ami de tâcher au plûtôt de gagner les montagnes de Serenaguer ; que c’étoit-là le meilleur expedient qu’il pût prendre ; que le Raja de ce païs-là étant dans des lieux inacceſſibles, & n’apprehendant point Aureng-Zebe, le recevroit ſans doute à bras ouverts : qu’au reſte il verroit de là quel train prendroient les choſes, & qu’il ſeroit toujours en état de décendre des montagnes quand bon lui ſembleroit. Le jeune Prince comprit aſſez par cette ſorte de diſcours qu’il n’y avoit point d’apparence de ſe fier deſormais au Raja, & qu’il n’y avoit plus de ſeureté pour ſa perfonne, d’autant qu’il ſçavoit que Delil-kan étoit

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